Gwendoline Finaz de Villaine : parcours d’une artiste hors pair
Dans l’univers artistique, il existe des talents et appétences qui se transmettent de génération en génération. Après Sciences-Po et HEC, Gwendoline, une artiste protéiforme, incarne à la fois un héritage artistique et une créativité hors pair. Rencontre.
Artiste d’héritage
Issue de trois générations d’artistes, avec un grand-père chansonnier et ami de Jacques Brel, un père danseur contemporain et une mère, professeure de français, Gwendoline a grandi dans un entourage qui lui a sûrement ouvert les portes de sa vocation future. Très jeune, elle prend des cours de piano, de chant et de musique.
Voyant l’étendue de son potentiel, ses parents l’inscrivent à la Maîtrise de Radio France où elle suivra une éducation à mi-temps entre formation classique soutenue et cursus au collège Octave Gréard. « Les personnes qui y travaillent font partis des gens les plus brillants que j’ai rencontré dans ma vie », se souvient l’artiste depuis son appartement avec vue sur Central Park à New-York.
Les études qui ont façonné son esprit
Plus tard, elle reprend des études plus conventionnelles et passe son baccalauréat au lycée Henry IV en terminale littéraire et mathématiques. La jeune femme a ensuite enchaîné avec une prépa d’été à Sciences PO où Édouard Philippe était son mentor professeur de droit durant sa troisième année. Suite à une année de prép-ENA, l’artiste en devenir est finalement rentrée à HEC en 2000, en admission parallèle. Rattrapée par son ADN et sa passion laissée mises un temps sur le banc des études, Gwendoline quitte le campus de Jouy-en-Josas, avant d’être diplômée, pour poursuivre sa vocation au côté de Roger Louret. Un grand homme producteur d’artistes comme Elie Semoun ou Murielle Robin, entre autres.
La construction d’une grande artiste
Metteur en scène et grand nom de l’univers musical, Roger Louret a été son mentor durant de nombreuses années. Il lui apprend les ficelles du métier et la propulse dans le milieu. En quittant HEC, elle embrasse donc une carrière artistique avec dévotion et entame dix ans de comédies musicales effrénées, en France et à l’international. Elle joue dans plusieurs comédies musicales et obtient même le premier rôle féminin dans « Attention mesdames et messieurs », comédie musicale avec Michel Fugain donnée aux Folies Bergères.
Plume et papier : le chapitre écrit de sa carrière
Une fois mariée à Charles Finaz de Villaine en 2007, Gwendoline se consacre à l’écriture. Avec sa mère professeure de français et son penchant inné pour la littérature, elle commence à écrire et publie une trilogie à succès, « Les Brumes de Grandville », éditions French Pulp, et un quatrième roman inspiré d’un précédent voyage en Inde.
Créations en ébullition : les œuvres qui ont bâti son nom
Mariée et mère de deux enfants, elle et son mari achètent une maison à Garches déclenchant en elle un regain d’amour pour l’art. Celle qui s’était jurée, enfant, de décorer les murs de sa maison avec ses propres tableaux se plonge maintenant avec passion dans le dessin et la peinture.
Hiver 2021. Le monde est confiné et les musées et salles d’exposition fermés. Soit, Gwendoline ira conquérir la rue. « Les galeries sont fermées, mais le street-art est ouvert ! ». Et c’est ainsi qu’elle explorera la beauté de cet art à ciel ouvert.
Ses liens d’amitié forts avec la directrice de la culture du cinquième arrondissement, issues de projets collaboratifs passés, lui ont permis de réaliser de nombreux projets dans le quartier, dont l’un sur la précarité alimentaire étudiante à la faculté de Jussieu. Une fresque de trente mètres de haut. Cette œuvre est le fruit de la collaboration de Gwendoline avec la Sorbonne et de Pierre Rouillé, l’un de ses assistants. Celui-ci avait par ailleurs créé un projet de T-shirts créatifs et engagés pour lutter d’autant plus contre la précarité étudiante.
Ses travaux de street-art sont éphémères et voués à être remplacés, mais marquent d’autant plus les esprits grâce à leur caractère temporel.
Au mois de juin 2021, HEC lui commande une fresque gigantesque qui doit célébrer les 140 ans de l’École. Cette peinture baptisée « Les ailes d’HEC » ornera ainsi le rond-point principal du campus, comme un accueil artistique et rassembleur pour celui qui pénètre dans les contreforts de Jouy-en-Josas. À l’heure de l’inauguration, elle s’exprimera sur le symbole de son œuvre : « Je souhaite que cette fresque permette aux élèves de déployer leurs ailes et de projeter leurs rêves dans le futur, avec optimisme, confiance et surtout, une créativité sans borne ».
Sa carrière artistique reconnue, elle sera par la suite sélectionnée pour peindre la cuve de vin du chai les Carmes Haut Brion à Bordeaux pour la très célèbre famille Pichet.
En juin 2021, à l’initiative du Festival du Quartier du Livre, la directrice de la culture du Vème arrondissement de Paris confie à Gwendoline qu’elle connaît bien, la mission de rendre hommage à Joséphine Baker, tout juste entrée au Panthéon. Ayant un attrait tout particulier pour sa carrière, l’artiste a peint une toile gargantuesque recouvrant la place du Panthéon. Pour faire perdurer sa mémoire et son travail, l’œuvre a été découpée pour être distribuée aux Parisiens.
C’est sur cette même place, l’année suivante, en l’honneur des 60 ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine et pour célébrer l’Année du dragon, que son projet le plus ambitieux a vu le jour. Imposantes et monumentales, deux sculptures de dragons aux couleurs de la Chine, ont ainsi été érigées en face du monument historique. Assemblage technique de polycarbonate et de plexiglas rouge pesant près d’une tonne, cette œuvre a permis à l’artiste de renouer avec le Pays du Milieu qui lui est si cher. Elle y a, en effet, vécu un an avec sa famille et y a donné naissance à sa fille Gaïa, qu’elle surnomme avec humour « sa fille Made in China ».
C’est pour un projet toujours plus ambitieux que la jeune femme retourna en Chine afin d’y exposer l’une de ses nouvelles œuvres en lien avec celle du Panthéon, la « Mère Dragon ». Une sculpture monumentale qui sera dévoilée en 2024 non moins que sur l’une des Sept Merveilles du Monde : la Muraille de Chine.
De ses premières mélodies au sein d’une famille d’artistes à son engagement à temps plein dans le milieu créatif, son histoire est une ode à la persévérance et à l’expression. Son héritage familial, sa passion pour l’art, et sa volonté inébranlable de suivre son propre chemin l’ont amenée à réaliser des œuvres mémorables et à inspirer d’autres à poursuivre leurs rêves avec optimisme et confiance.
Published by Loane Gilbert