Sur le podium des droits de retransmission TV, les Jeux olympiques décrochent la médaille d’argent, juste derrière la Coupe du monde de football. Sur les 1,2 milliard d’euros alloués au comité organisateur par le CIO en 2024, 750 millions sont issus des droits TV. Ghassan Attié (H.07), responsable en stratégie et investissement chez beIN Media Group, décrit le déroulement et l’enjeu de ces négociations.

Comment se déroule l’attribution des droits de diffusion de compétitions sportives comme les JO ?

Ghassan Attié : Dans le cas des JO, le Comité international olympique lance un appel d’offres auprès des diffuseurs. En général, les droits sont acquis par un ou deux diffuseurs par territoire et in fine un événement comme les Jeux olympiques sera diffusé dans la quasi-totalité des pays de la planète et regardé par plusieurs milliards de téléspectateurs. Le prix auquel les droits sont cédés dépend de plusieurs facteurs : la tension concurrentielle entre les diffuseurs d’un territoire donné, mais aussi plus fondamentalement la taille de la population, son niveau économique et son intérêt pour la compétition.

L’attribution de ces droits se fait-elle toujours aux plus offrants ?

G.A. : Le prix est un critère majeur mais ce n’est pas le seul. L’ayant droit négocie certes de manière à maximiser ses revenus, mais il doit aussi tenir compte de la visibilité et de la qualité éditoriale que le diffuseur pourra apporter à la compétition. Il s’agit de procédures compétitives avec des montants engagés sou-vent très importants. Il faut bien comprendre pourquoi.
Tout d’abord, il n’existe quasiment pas d’autre moyen de diffuser du contenu sportif que de l’acquérir, contrairement aux films ou aux séries qui peuvent être produits en interne. Et pour acquérir du contenu sportif, il n’existe souvent qu’une seule source d’approvisionnement : les ayants droit, en l’occurrence le CIO pour les JO. De plus, ces grands événements ont un caractère exceptionnel et, pour les diffuseurs, sont une garantie d’attractivité, avec d’importantes audiences à la clé. Enfin, à l’heure où le streaming et la télévision de rattrapage se développent largement, le sport est l’un des derniers moyens de fédérer un public en direct. C’est donc un enjeu central pour les diffuseurs.

 

Que diffusera beIN pendant les Jeux olympiques 2024 ?

G.A. : Nous avons répondu à un appel d’offres du Comité international olympique en 2015 et nous avons remporté les droits de diffusion de l’intégralité des compétitions olympiques sur la période 2018-2024 pour l’ensemble de la région MENA (Middle East – North Africa)qui comprend 24 pays au Proche-Orient, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans cette région, beIN propose des chaînes de sports mais aussi du cinéma, des séries, du divertissement, et nous y retransmettrons la compétition via 15 canaux de diffusion, en anglais et en arabe.
À l’échelle mondiale, beIN Media group est l’un des principaux acquéreurs de droits sportifs, mais les montants que nous engageons sont confidentiels. Ce que je peux dire, c’est que pour chaque investissement de ce type, nous établissons des prévisions : le montant que l’on va se permettre de dépenser est toujours corrélé aux revenus que l’on peut générer, en lien avec la conquête de nouveaux abonnés et la fidélisation des abonnés existants. Pour nos chaînes, les JO sont également un gage de notoriété et, pendant que les championnats annuels sont en pause estivale, un moyen de continuer à diffuser du contenu de qualité durant cette période.

Propos recueillis par Marie Tourres

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