Florian Meloux (X-HEC.20) et Spokhand : main dans la main avec les Deaflympics de Tokyo
Les Jeux Olympiques pour sourds et malentendants, les Deaflympics 2025 se tiennent cette année à Tokyo et célèbrent leur 100e anniversaire.
Dans l’équipe des partenaires de cet événement sportif, la start-up Spokhand a développé un système de traduction en langue des signes. Son créateur Florian Meloux (X-HEC.20) poursuit un objectif clair : rendre le monde plus accessible aux 70 millions de personnes sourdes dans le monde.
Une trajectoire marquée par l’engagement
Ancien élève du double diplôme X-HEC, Florian Meloux a toujours voulu concilier innovation et impact social. Avec Spokhand, la start-up qu’il a cofondée aux États-Unis, il développe des solutions pour rendre l’information accessible aux personnes sourdes. « Dans notre équipe, 80 % des collaborateurs sont sourds, explique-t-il. Moi-même, je porte un appareil auditif. Notre projet vient de l’intérieur de la communauté, pas de l’extérieur. »
Dès 2022, Spoken reçoit le soutien du fonds Archimedes, spécialisé dans la santé, qui apporte un financement annuel de 10 000 euros via son programme Eureka. Cette rencontre est déterminante : c’est à ce moment que naît l’idée d’un partenariat avec les Deaflympics, les Jeux olympiques des sourds.
Rendre l’information accessible
La mission de Spokhand est simple à formuler mais complexe à réaliser : créer des contenus accessibles à la fois pour les sourds et pour les entendants. Les vidéos produites par l’équipe intègrent toujours une traduction en langue des signes internationale et des sous-titres. « La langue des signes n’est pas universelle, rappelle Florian Meloux. Il existe une langue des signes française, américaine, japonaise… avec des différences parfois profondes. La langue des signes internationale n’est pas officielle, mais elle sert de passerelle, elle permet de se comprendre au-delà des frontières. » C’est cette double accessibilité qui distingue Spokhand. Un exemple ? L’interview de Midori, sprinteuse japonaise, traduite en simultané en langue des signes internationale et sous-titrée en anglais. « Ainsi, la vidéo est comprise par les sourds japonais, par les sourds du reste du monde, mais aussi par les entendants », souligne Florian.
Un partenariat avec les Deaflympics
Ce savoir-faire a convaincu le comité des Deaflympics. Grâce au réseau de ses associés, Spokhand a pu présenter son projet directement au vice-président de l’organisation, basé au Japon. L’enthousiasme a été immédiat. « Il a adoré notre approche, parce qu’elle est pensée par et pour la communauté sourde », raconte Florian.
Les Deaflympics, qui ont réuni près de 100 pays et mobilisé un budget de plus de 100 millions de dollars, existent depuis 100 ans. Pourtant, ils sont encore méconnus, et peu visibles sur les réseaux sociaux et dans les médias. « C’est paradoxal : c’est un rendez-vous mondial majeur, mais il est encore très peu couvert. Notre objectif est justement de changer ça. »
Avant même l’ouverture des jeux, l’équipe de Spokhand a préparé le terrain et publié des vidéos avec des athlètes français, américains et japonais. À Tokyo, elle poursuit son travail, avec une série d’interviews tournées durant les épreuves. « Pour l’instant, nous n’avons pas la technologie pour traduire en direct, précise Florian. Mais nous avançons vite. »
Sur sa page instagram, Spokhand poste des interviews d’athlètes accessibles au plus grand nombre.
Sous-titrés en anglais, les propos de l’athlète (qui s’exprime dans la langue des signes de son pays) sont traduits en langues des signes internationale, grâce à un avatar présent à droite de l’écran.
Ici, la karatéka japonaise Ryo Ogura.
Le but est double : offrir une visibilité inédite aux sportifs sourds, et démontrer que l’accessibilité peut être pensée dès la conception des contenus. « Faire une belle vidéo ne suffit pas si elle n’est accessible qu’à une partie du public. Notre rôle est de nous assurer que chacun puisse la comprendre », insiste-t-il.
Donner une voix à tous
Avec Spokhand, Florian Meloux s’inscrit dans une tradition d’entrepreneurs HEC qui veulent transformer la société. Mais son projet a une particularité : il vient directement d’une expérience vécue. « Je fais partie de cette communauté, je connais les obstacles au quotidien. Spokhand est né de cette réalité. »
Avec les Deaflympics de Tokyo, l’aventure prend une nouvelle ampleur. Et confirme qu’une idée née sur les bancs d’HEC peut, parfois, résonner jusqu’aux grandes scènes sportives mondiales.
Published by Daphné Segretain