X Medical International développe une stratégie de financement innovante pour développer l’équipement médical. Rencontre avec Franck Gael Zok Ndjiwoume (E.23), son CEO.

Quels sont les besoins spécifiques du Cameroun en matière d’accès aux soins?
F.G.Z.: Aujourd’hui, très peu de personnes ont accès aux diagnostics et aux soins en raison de plateaux techniques sous-équipés. Au Cameroun, on compte seulement un scanner pour environ 250 000 habitants. Et une IRM coûte 350 euros, dans un pays où le salaire minimum est inférieur à 50 euros. Seuls les individus très aisés peuvent effectuer ces examens. Les populations vulnérables sont condamnées à mort faute de pouvoir s’offrir une IRM. Le déficit d’équipements médicaux vient de la difficulté qu’ont les établissements de santé à accéder au crédit bancaire. C’est pourquoi X Medical veut proposer ces appareils sur le modèle SaaS aux hôpitaux publics et privés.

Y a-t-il d’importantes disparités géographiques selon les pays et les régions?
F.G.Z.: Oui, il y a de nombreux déserts médicaux. Il faut parfois faire des milliers de kilomètres pour réaliser un examen. En République centrafricaine, où nous avons l’intention d’ouvrir notre première succursale, il n’y a que deux scanners pour environ 6 millions d’habitants, aucune IRM et un seul centre d’hémodialyse. Pour faire une IRM, un Centrafricain doit se rendre au Cameroun ou en République démocratique du Congo. Or, le coût du transport aérien en Afrique centrale est très élevé. Les ONG disposent d’équipements de base telle que la radiographie, mais les IRM représentent un investissement trop important. Même au Cameroun, qui est pourtant le pays le mieux outillé de la sousrégion, il y a des déserts médicaux : sur les 58 départements, certains n’ont pas de scanner.

Quelles solutions de financements proposez-vous pour développer l’équipement médical?
F.G.Z.: Notre stratégie à triple impact (social, économique et technologique) baptisée « Ambition 2026 » vise à améliorer la qualité des soins en aidant l’État et les professionnels de santé à accéder à ces équipements, et en facilitant l’installation du matériel, la formation des professionnels et le SAV. Pour cela, nous avons mis au point un système de financement qui repose sur des investisseurs à long terme, comme des fonds d’investissement dans le health care, qui comprennent bien nos enjeux.

Le développement du service de santé est-il une priorité pour les pouvoirs publics?
F.G.Z.: Oui. Au Cameroun, les volontés politiques vont effectivement dans ce sens. Il y a un an et demi, le président de la République Paul Biya a lancé un programme intitulé «Couverture santé universelle » qui rend les soins accessibles à une plus grande partie de la population. En outre, la législation encourage les investissements dans le secteur de la santé : depuis quatre ans, la loi de financement stipule que tous les biens relevant de l’équipement médical sont exonérés de droits de douane et de TVA.

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