Sabrina Herlory Rouget, CEO d’Aroma-Zone : conseils d’une dirigeante avisée
Devenir CEO et mener à bien ses missions au sein de l’entreprise et auprès de ses équipes sont l’apanage de beaucoup d’entre vous. Après Flore des Robert, la co-fondatrice de La Bonne Brosse et Ning Li, le fondateur de Typology, nous nous sommes rapprochés de Sabrina Herlory Rouget (H.02), femme douce et puissante, très écoutée dans l’univers des cosmétiques. Après avoir gravi les échelons à L’Occitane puis dirigé M.A.C. Cosmetics, elle est maintenant CEO d’Aroma-Zone depuis deux ans.
1. Se mettre dans le bon état d’esprit
En se disant qu’on en est capable. Qu’on ne sait pas tout mais qu’on peut apprendre vite et que cette curiosité et excitation sont supérieures à la peur du risque. Aussi en croisant le bon projet et les bonnes personnes. Mais par-dessus tout je crois aussi qu’il faut être passionné et surtout en avoir très envie car sinon c’est trop « monopolisant ».
2. Comprendre l’entreprise
Une grande leçon d’intelligence collective et d’humilité a été de me confronter, chez Aroma-Zone, aux milliers de verbatims de notre communauté toutes les semaines. Cela m’a permis de sonder l’âme de la marque, de garder clairement en tête les priorités opérationnelles et de mettre en œuvre les meilleures idées. Quand on prend un nouveau projet, il faut savoir gérer deux temporalités difficiles et parfois épuisantes : le temps court -parfois très court – et le temps long. Il faut savoir à la fois écouter activement pour surtout ne pas coller à ses réflexes ou à ses expériences passées et décider rapidement et prioriser.
3. Garder l’appétit
Il faut savoir partir quand on commence à s’ennuyer. L’appétit c’est tout ! C’est une bonne leçon de management d’ailleurs : il ne faut jamais laisser un talent volontaire commencer à s’ennuyer… Il y a des rencontres et des projets à ne surtout pas rater !
4. Rester fidèle à ses valeurs
Pour moi, c’est le goût des autres. Faire grandir mes équipes, les écouter, coconstruire, transmettre. Mais aussi développer quelque chose de plus grand que nous tous individuellement. J’ai toujours pensé que la performance économique ne devait pas aller sans progressisme social et sociétal. C’est un choix. Cela m’a d’ailleurs toujours guidé dans projets professionnels.
5. Bien s’entourer
J’ai probablement beaucoup de chance mais je n’ai jamais ressenti de solitude. Je suis solidement accompagnée par une équipes CoDir d’experts qui ne sont pas des courtisans et par des investisseurs très exigeants. On a le droit de ne pas savoir mais on doit rapidement trouver le chemin. Ce rythme et cette stimulation intellectuelle me plaisent !
6. Garder l’équilibre
La clef selon moi réside dans l’équilibre émotionnel et psychique. C’est une notion sous-évaluée mais si l’on n’est pas serein, en accord, on a du mal à impulser la bonne énergie et culture d’entreprise. Bref, il faut se protéger de son propre ego. J’ai eu, je crois, la lucidité de comprendre tôt que ce qui permet de gravir les premiers échelons jusqu’à certains rôles ne suffit plus ensuite. Et je l’ai parfois appris à mes dépends.
7. Aimer ses équipes et leur donner un cap
Il faut d’abord aimer les gens, les respecter. Aimer le collectif. Il faut être généreux, exigeant et engagé, présent ! Cela fait selon moi une bonne partie du chemin. Je crois qu’en un coup d’œil, on comprend si l’on « compte » pour son interlocuteur ou pas. Et ensuite il faut servir une cause plus grande que soi et réussir à l’articuler. Je ne connais personne qui ne veuille participer à un projet d’envergure même si c’est parfois intense.
Bonus : conseils aux étudiants
Posez-vous les bonnes questions : avec l’âge on commence à se connaître. En avez-vous vraiment envie et est-ce vraiment dans ces fonctions que vous réaliserez votre plein potentiel ? Aurez-vous suffisamment d’énergie à donner ? Si la réponse est OUI, rien ne sert de cogiter à l’infini. Lancez-vous avec passion car seul le « faire » compte et demeure à la fin ! Pensez aussi à bien vous entourer car on ne réussit jamais seul !
Et pour vous mesdames surtout n’attendez pas d’avoir un doctorat dans toutes les matières pour vous lancer. Vous n’en aurez jamais. Lancez-vous, posez les bonnes questions, travaillez dur, créez des relations solides avec vos écosystèmes et vous pourrez surmonter beaucoup d’obstacles.
Published by Daphné Segretain