Récemment élue présidente d’Eurogroup Consulting, Claudia Montero (H.97) a bâti sa carrière au sein du cabinet de conseil. Retour sur un parcours exemplaire.

 

Pourquoi avoir choisi le conseil ?

Claudia Montero : Beaucoup de domaines m’intéressaient à la sortie d’HEC. Le conseil m’est apparu comme un moyen de continuer à explorer une multiplicité d’envi­ronnements et d’interlocuteurs. J’aimais aussi l’idée de prendre soin des acteurs économiques, de les aider à résoudre leurs problèmes : j’ai choisi ce métier pour avoir un impact. Et parce qu’on y apprend tout au long de sa vie. Au début, par la pratique. Puis on apprend à apprendre en orchestrant des équipes qui changent à chaque mission. Enfin, on apprend à devenir ambassadeur de son cabinet.

Pourquoi Eurogroup Consulting en particulier ?

C.M. : Quand je l’ai rejoint en 1997, c’était un petit cabinet de conseil en stratégie et en transformation de 70 col­laborateurs, qui se distinguait par son projet entrepreneurial et son indépendance : il était détenu à 100 % par ses associés. Son objectif était de devenir une référence du conseil sur le marché français. Lors de mes entretiens de recrutement, j’ai rencontré des personnes sérieuses qui ne se prenaient pas au sérieux. Cela m’a plu. J’ai grandi en même temps qu’Eurogroup, qui fêtera ses 50 ans en 2032 : l’âge adulte (rires).
Le cabinet s’est développé dans une trajectoire de croissance choisie et durable. Il reste détenu à 100 % par ses collaborateurs (dont 95 % par ses associés). J’y ai trou­vé une grande liberté et la possibilité de façonner mon parcours en développant les projets qui m’intéressaient. C’est pourquoi je suis restée. Une telle fidélité peut sembler atypique dans un secteur et à une époque où le zapping est de mise. Les parcours longue durée ne sont pourtant pas si rares. Et ils ont des vertus : la possibilité de réaliser davantage de projets, d’avoir une influence sur la destinée de l’entreprise. Cela dit, je ne prône aucun modèle. La réussite d’une carrière, c’est de s’accomplir dans la voie choisie, quelle qu’elle soit.

Quel a été votre parcours au sein du cabinet ?

C.M. : J’ai d’abord été consultante sur des sujets de restructuration pour des acteurs de l’industrie, de l’énergie et du transport. J’opérais dans le secteur privé sur un périmètre international. Lorsque j’ai été nommée manager en 2003, j’ai souhaité développer notre activité dans un secteur qui me tenait à cœur : la santé, tant sur son volet privé que public. Ce faisant, je me suis prise de passion pour l’accompagnement du secteur public. À partir de 2010, j’ai ainsi collaboré avec des administrations centrales et des col­­lec­tivités territoriales qui bataillaient pour se mode­r­niser au sein du modèle français.
Ma carrière m’a par ailleurs convaincue de la nécessité d’embarquer les équipes de nos clients, afin de réaliser nos projets avec elles et non « contre » elles. Sous mon impulsion, nous avons mis au point, depuis 2019, des pratiques d’intelligence collective qui se sont illustrées par notre participation à la structuration et à l’animation de conventions citoyennes, telles que la Convention citoyenne pour le climat. En parallèle, je me suis toujours investie dans la maison Eurogroup : j’ai été très tôt déléguée du personnel, membre du comité d’entreprise puis secrétaire du CSE. Cooptée associée en 2010, je suis entrée deux ans plus tard au Comex, en charge de la restructuration de notre politique de ressources humaines. Juste après la pandémie de Covid-19, j’ai été nommée directrice générale, avant d’être élue présidente pour la période 2024-2027.

Quelle est votre feuille de route ?

C.M. : J’hérite d’une maison solide. Notre premier objectif est de la renforcer : continuer à enrichir notre portefeuille clients et amplifier notre développement à l’international. C’est la condition sine qua non pour nous engager dans notre deuxième objectif : renforcer notre empreinte sociétale. L’emploi est un de mes chevaux de bataille. Avec la finance, le conseil est le premier employeur de jeunes diplômés. En tant que recruteur, notre rôle est de contribuer à dynamiser le marché de l’emploi en attirant de nouveaux profils. À ce titre, nous avons lancé un dispositif de lutte contre les discriminations d’embauche liées à l’âge dans le secteur du conseil : le « parcours rebond ». 10 % de nos recrutements sont ouverts à des consultants débutants de plus de 45 ans. Ce dispositif sera complété par d’autres volets, en faveur des personnes en situation de handicap notamment. Eurogroup Consulting est aussi engagé dans les sujets de la transitions éco­lo­gique. Nous sommes le fer de lance d’un groupe d’acteurs qui a rédigé une Charte d’engagements de la communauté du conseil régénératif, à la suite de la Convention des entreprises pour le climat (CEC).

Comment le secteur du conseil accompagne-t-il les évolutions économiques et sociétales ?

C.M. : La notion d’utilité est au cœur de notre raison d’être, récemment adoptée à l’unanimité par les associés : « Éclairer vos défis, façonner et transformer l’ave­nir ensemble. » Dans un contexte d’incertitudes et de mutations, les organisations recherchent la performance, mais pas n’importe laquelle : une performance responsable et durable, en accord avec les Objectifs de développement durable de l’ONU, ce qui implique une réflexion sur l’éco-conception, la circularité des activités, etc. Elles veulent également être conseillées en matière d’innovation technologique, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle – qui transforme déjà la relation au travail – ou, plus largement, de systèmes d’information. Nos clients souhaitent aussi s’assurer de la solidité de leurs fondamentaux éthiques et être accompagnés dans la gestion des talents et de la diversité, dans un souci d’inclusion. Avec la multiplication des réglementations et des normes, les questions de conformité sont aussi prégnantes, surtout pour les TPE et PME qui ne disposent pas d’un appareil administratif pour naviguer dans ce système complexe. Enfin, nos clients ont besoin de construire des plans de continuité d’activité pour parer aux risques géopolitiques, sanitaires et cybernétiques.

Quels souvenirs gardez-vous du campus d’HEC ?

C.M. : Mes années à HEC ont été incroyables. Je garde des souvenirs émus de cours à l’amphithéâtre Blondeau, de campagnes BDE et JE et plus particulièrement du premier tournoi de rugby féminin interécoles. Encouragées et entraînées par les garçons, nous avons remporté le match contre Polytechnique, alors que leurs étudiantes étaient bien plus aguerries que nous !

Quels sont vos liens avec la communauté HEC ?

C.M. : HEC, ce sont des amitiés personnelles et aussi une connivence immédiate avec les autres alumni. Eurogroup Consulting est membre du Club Campus et accom­pagne plusieurs associations étudiantes. Je travaille aussi avec HEC Alumni ; j’interviens régulièrement aux événements HEC Life Project. L’an dernier, nous avons sponsorisé les 50 ans de la mixité à HEC et actuellement nous préparons avec HEC We&men le prochain Prix Trajectoires.

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