Aborder l’intelligence artificielle en toute confiance

Pour accompagner la transformation digitale des entreprises, Cyrille Comole-Theveniaud (EM.15), DG de WooElse, propose une méthode originale qui s’appuie sur la puissance des émotions.

Quels sont les impacts de l’IA sur les organisations ?

Cyrille Comole-Theveniaud : L’IA est une technologie qui inspire et dérange en même temps. Elle automatise des tâches simples ; éclaire sur les phénomènes (IA descriptive), anticipe les tendances (IA prédictive), donne des recommandations sur les actions à mener (IA prescriptive) et favorise la collaboration homme-machine (IA générative). Pour l’entreprise, le défi est double : exploiter l’IA pour optimiser ce qu’elle fait déjà, mais aussi réinventer son business model et explorer de nouvelles opportunités, à la fois en interne et auprès des clients, en quête d’expériences augmentées et de conversations avec les marques.

Et au niveau humain ?

C.C.T. : L’IA change la manière d’interagir avec les clients, mais aussi avec les équipes. Son adoption se heurte à des résistances. L’exercice est d’autant plus difficile que parfois, près de six générations peuvent cohabiter.
La génération Y est souvent frustrée par les rythmes et le cadre des évolutions, alors que la génération X se raidit, craignant de perdre le contrôle. Sans remettre en cause l’organigramme, il faut changer les dynamiques de groupes, et mieux impliquer les agents du changement – ces leaders transverses inspirés par la tech, capables de comprendre, évangéliser et motiver l’innovation – et remettre les émotions au centre du paradigme.

Comment lever les résistances ?

C.C.T. : La résistance est souvent liée au manque de visibilité et la prise en compte des anxiétés. Parfois, les collaborateurs ne savent pas à quoi servent les technologies mises en place ni comment les utiliser. Ma méthode consiste à identifier le comportement dominant (hostilité, désengagement, enthousiasme) et l’émotion associée (frustration, peur, accomplissement) afin de proposer une action qui débloque la situation. L’outil paraît trop compliqué ? Je fais de l’éducation. Les objectifs semblent flous ? Je mise sur la communication.

Quel est le modèle que vous avez conçu pour accélérer l’adoption des technologies émergentes ?

C.C.T. : Mon modèle comporte quatre étapes et s’adapte à tous les secteurs. Première étape, l’état des lieux. Il s’agit d’harmoniser les perceptions du management et des collaborateurs et remplacer la peur par l’inspiration. Seconde étape, l’introduction : c’est la phase cruciale qui amorce la dynamique. Une des clefs ? S’appuyer sur deux équipes pluridisciplinaires distinctes pour préparer le lancement et l’évangélisation. La phase 3, l’accélération, se focalise sur la résilience émotionnelle et la motivation au moyen de deux outils hyper efficaces que j’ai modélisés : le perceptual flow et la priority matrix. Enfin, l’étape d’institutionnalisation accompagne l’ancrage du projet, met l’emphase sur la célébration et le mentoring. Après, la dynamique est enclenchée.