Conférence d’Olivier Sibony, auteur de Vous allez commettre une terrible erreur !

Le 5 février 2020 est déjà bien loin dans nos mémoires, c’était « le monde d’avant » et nous avions la chance d’être là, réunis, ensemble et démasqués, au nombre de 60 participants, reçus par Céline Van Steenbrugghe (H.97) dans les superbes locaux d’Oddo BHF, pour entendre notre camarade Olivier Sibony (H.88) nous éclairer sur nos prises de décision.Ex-directeur associé au sein ducabinet McKinsey, Olivier Sibony a eu l’occasion de conseiller une multitude de dirigeants et de les aider à prendre des décisions stratégiques.

En deux mots comme en cent : intuition ou rationalité ? Quelle approche garantit la meilleure décision ? Les professionnels des ressources humaines en font l’expérience quotidiennement : dans les relations humaines, notamment lors d’un recrutement, « il n’y a pas que des éléments objectifs » qui entrent en ligne de compte. Méfiance, prévient Olivier. Nos éléphantesques biais cognitifs nous trompent énormément ! L’intuition, oui, à condition qu’elle soit le reflet d’une expérience (une « réminiscence ») et non une réaction spontanée à une situation inconnue, inédite. Dans ce monde ô combien incertain, sa conviction est que l’on ne peut agir en se fondant sur son seul « ressenti ». Celui du CEO de Blackberry, affirmant devant 700 consultants McKinsey en 2007 que personne ne se passerait d’un clavier et qu’Apple faisait fausse route… fut un désastre.A contrario, le Président Kennedy, lors de la crise de Cuba, eut une démarche méthodique et cartésienne qui fait référence, aujourd’hui encore, pour tous les décideurs. Revoyons le film 13 Days pour nous en convaincre ! Deux principes : le collectif (être bien entouré) et la maîtrise de bons outils pour accompagner l’émergence de la bonne solution. L’intelligence artificielle peut d’ailleurs appuyer cette démarche rationnelle.Depuis notre rencontre, la crise sanitaire a donné à Olivier de bonnes raisons de s’exprimer sur la Toile (de LinkedIn à la chaîne YouTube d’HEC…), qu’il s’agisse de la controverse autour du docteur Raoult, du télétravail ou du traitement des personnes à risques. Avis aux décideurs !

Amitiés déconfinées, Caroline Sommervogel (H.97)


Philippe Gabilliet décrypte l’expérience humaine du confinement

Le 29 juin dernier, nous avons eu le plaisir de nous retrouver… et je pourrais presque m’arrêter là. Nous avions aussi la chance de nous retrouver en compagnie de Philippe Gabilliet, professeur de psychologie et de management à l’ESCP Business School, dans une salle réservée pour l’occasion au restaurant L’Atelier du marché, dans le 17e arrondissement de Paris. Nous avons écouté avec intérêt son billet d’actualité, teinté de bon sens et d’optimisme, sur l’expérience humaine du confinement.

Une expérience singulière, historique… et variée.

Philippe Gabilliet souligne que cette expérience est la plus marquée socialement depuis longtemps. « Nous avons vécu du 17 mars au 11 mai, un objet social non identifié. Ça ne s’était jamais passé, et ça ne se repassera pas. »Le terme « confinement », utilisé par tous, renvoie à des expériences humaines très différentes, en fonction des situations (état de santé, emploi, niveau de confort du logement, situation sociale et familiale, logement en zone urbaine ou non…). L’expérience du confinement a brutalement fait ressortir les inégalités de conditions de vie des uns et des autres. De plus, certains l’ont vécu comme un enfermement, d’autres comme « une épreuve envoyée par le ciel », d’autres encore comme une parenthèse avant de reprendre, dès que possible, leur vie comme avant… ou au contraire comme un sas, après lequel la vie ne serait forcément plus comme avant.

Méfions-nous de l’utopie.L’après -confinement est considéré, de façon quasi unanime, comme enclin à être « mieux que l’avant-confinement ». Comment est-ce possible, avec une telle diversité d’expériences ? et si, parfois, c’était l’inverse ? et si le télétravail de certains collaborateurs, devenus moins visibles, pouvait ralentir leur carrière ? Sur le télétravail, Philippe Gabilliet invite à poser un regard plus contrasté, et à s’inspirer de philosophes tels qu’André Comte-Sponville et Clément Rosset, sur l’importance de l’ancrage dans le réel.« Le télétravail est une modalité, il n’y a aucune raison que cela résolve tous les problèmes de la société moderne. » Aussi, méfions-nous du discours ambiant qui tend à faire du télétravail un « must-have », du risque de normalisation et des utopies.Méfions-nous du déni de réalité.

Osons la culture du pari !

« Aujourd’hui, les managers sont face à des acteurs sociaux chez qui le doute s’est installé », avec un « sentiment d’impuissance » face au virus, à la politique sanitaire de la France, à la crise économique… Ce qui peut conduire en entreprise à une baisse de la prise d’initiatives. De quoi les managers ont-ils besoin ? « De clarté sur leurs marges de manœuvre et de la culture du pari : avoir le devoir d’essayer tout en étant protégés. » Philippe Gabilliet conseille aux dirigeants d’adopter à cet égard une posture à la fois pragmatique, humble et transparente :
– parler vrai sur les faits et les chiffres ;
– redonner une visibilité aux managers sur les projets en cours ;
– adopter une logique de proactivité, même si le verre est « au quart plein », donner des marges de manœuvre aux Rappelons que Philippe Gabilliet est porte-parole de la Ligue des Optimistes de Franc. C’est donc sur une note d’optimisme qu’il a conclu son intervention, avec une citation attribuée à l’inventeur Thomas Edison (1847-1931) : « Si les Hommes pouvaient savoir tout ce dont ils sont capables, ils resteraient frappés de stupeur. »

Pour en savoir plus sur Philippe Gabilliet, auteur et conférencier : www.philippegabilliet.com

Aurore Paul (M.09), présidente du Club Management & RH

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