Prévention

Protection connectée

Au Maroc, des chercheurs bénévoles ont mis au point un masque doté de capteurs pour une meilleure prévention du coronavirus.

lorsque le confinement a été mis en place au Maroc en mars, nous aussi, chercheurs, nous nous sommes retrouvés à la maison, pendant que les soignants étaient au front, se souvient Mouhsine Lakhdissi, coordinateur du projet Midad (masque intelligent de détection à distance). Comment aider dans ce combat si exceptionnel, ne serait-ce que pour tenter de sauver une vie ? » Ce questionnement a soudé un groupe de huit scientifiques bénévoles, qui ont travaillé en visioconférence, soirs et week-ends, jusqu’à inventer un masque innovant, primé mi-avril lors du concours Hacking Covid-19 d’HEC. Prototype en open source. En analysant le souffle de la personne qui le porte grâce à des capteurs de température, d’humidité, de pression et de taux d’oxygène, l’appareil décèle certains symptômes, tels que les toux sèches et insuffisances respiratoires. Grâce à une liaison Bluetooth pour faire remonter les données et à un questionnaire à remplir sur mobile, la solution établit un premier diagnostic ou assure un suivi médical à distance. Début mai, il en existait déjà plusieurs prototypes, certains réalisés en impression 3D, lavables et réutilisables, et d’autres sous forme de boîtiers pouvant se fixer sur un masque de type FFP2 existant. Le code de l’application ayant été partagé en open source, de nombreux ingénieurs se sont spontanément associés au projet pour perfectionner le système. « L’application doit être lancée prochainement, après autorisation de l’équivalent de la Cnil au Maroc », précise le Pr. Lakhdissi. Le prix de commercialisation ne devrait pas excéder 20 euros, ce qui correspond à son coût de fabrication, le projet étant mené sans but lucratif.


Volontariat

Renforts en force

« Dès l’amorce de la crise sanitaire, on s’est dit que les établissements hospitaliers allaient être submergés. Les unités de soin, bien sûr, mais aussi l’ensemble des fonctions “support”, nécessaires pour assurer la continuité du service de santé », explique Paul Marcadé (M.96). L’entrepreneur s’associe alors à Aurélie Prétat, une amie fonctionnaire, pour créer une application destinée à fédérer les élans de solidarité. Avec l’aide du réseau d’incubateurs de la fonction publique beta.gouv.fr et de l’ARS Bourgogne Franche-Comté, ils commencent alors à développer leur plateforme. « C’était une expérience humaine étonnante : on a travaillé avec une quinzaine de personnes, sans se rencontrer physiquement et sans contrepartie financière », raconte Paul. Le principe ? Sur le site de pretermainforte.fr, les bénévoles remplissent un formulaire en ligne pour indiquer leurs disponibilités et leurs compétences – selon un référentiel de 50 métiers (qui vont d’auxiliaire de vie à mécanicien, en passant par cuisinier, plombier ou graphiste…). Un algorithme se charge ensuite du matching avec les besoins des établissements de santé, et les met en contact. Le site comptait 5 000 bénévoles et 150 établissements inscrits début mai. Un outil simple pour organiser l’aide citoyenne, c’est précieux. « Il y aura sans doute beaucoup de choses à inventer dans ce sens-là, dans le monde de l’après-Covid », estime Paul.


Ressources humaines

Hosto mobile

Le 17 mars, face à l’ampleur que prenait la crise sanitaire, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France a appelé trois entrepreneurs à la rescousse. Antoine Loron (H.12), Adrien Beata (H.12) et Christopher Rydahl ont créé medGo, start-up dédiée au sourcing de remplaçants pour les établissements de santé. Un hôpital, une clinique ou un EHPAD peut ainsi poster sur leur plateforme numérique une offre de mission, qui est automatiquement diffusée à tous les remplaçants disponibles. Ceux-ci acceptent ou non, directement depuis leur smartphone. « Suite à la demande de l’ARS, nous avons lancé un appel à volontaires massif auprès des soignants (actifs et retraités) et des étudiants », raconte Antoine Loron. La jeune pousse, qui collabore désormais avec dix ARS, recense plus de 60 000 volontaires. Au 12 mai, cette solution avait permis de pourvoir 21 000 demandes de renforts, essentiellement des aides-soignants et des infirmiers. Une efficacité prouvée !


Approvisionnement

Ancrés en Chine

Pour aider à l’importation de masques chinois durant la crise sanitaire, le Club Stratexio Chine et Qima ont offert leur contribution bénévole. Sponsorisé par le Medef et présidé par Anne-Pascale Guédon (H.89), le Club Stratexio Chine, qui accompagne des PME françaises à l’export, a mobilisé son réseau local d’experts pour faciliter les approvisionnements en équipements de protection individuelle. Une intervention qui a notamment permis de livrer, fin avril, plusieurs millions de masques commandés par le Conseil régional des Hauts de France. De son côté, Qima, société de tests en laboratoire implantée en Asie de longue date, s’est proposée, sous l’impulsion de son directeur marketing Mathieu Labasse (E.13), de réaliser gratuitement des tests de qualité pour le matériel de santé importé. Une filière hautement sécurisée.


Accès aux soins

Télémédecine sans frontières

En Afrique, on compte 0,8 médecin pour 10 000 habitants, contre 32 dans les pays de l’OCDE. Allodocta, une plateforme de téléconsultation créée par Bertrand Nkengne (E.18), met en relation médecins d’Europe et patients d’Afrique. Les soins sont financés par la famille installéeen Europe via une assurance baptisée Izikare. « Pour moins d’un euro par jour, les patients peuvent ainsi avoir accès à un vaste réseau de praticiens par téléconsultation », explique ce fils d’agriculteur camerounais. Disponible dans huit pays (Cameroun, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Togo, Niger, Burkina, Mali et Sénégal), l’offre devrait progressivement s’étendre à l’ensemble du continent. Face à l’épidémie de coronavirus, Allodocta a mis à la disposition de tous les médecins et patients africains sa solution de téléconsultation qui inclut un carnet de santé numérique et des ordonnances sécurisées (afin de limiter les risques liés à la contrefaçon de médicaments).


Victuailles

Mangeurs masqués

Manque de moyens, de matériel, de lits : les soignants n’ont pas ménagé leur peine. Certains ont décidé de ménager leur estomac. La boulangerie créée par Emmanuel Gunther (H.17), The French Bastards, a rejoint #laresistancedeschefs pour livrer des repas aux hôpitaux, tandis que Julie Pommelet et Antoine Tran Huu (H.14), de Delicorner, proposaient à leurs clients d’offrir des fruits aux soignants. Bilan : 37 tonnes de fruits livrées dans 60 hôpitaux ! Car avoir du cœur au ventre ne coupe pas la faim.

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