En avril 2020, HEC Stories a proposé aux alumni de partager leur expérience du confinement. Voici le témoignage envoyé par Pierre.

Santander, Cantabrie, Espagne. The loneliness of the long distance runner. Tolérance zéro pour les exercices en plein air. Unique terrain de jeu : la cage d’escalier. Trois étages. Monter, descendre, monter, descendre. Dénivelé modéré, pas de cols hors catégorie. Moyenne montagne casse-pattes, quasiment sans plat : paliers et cinq mètres du hall d’entrée. Revêtement roulant : marbre gris pour les marches, moquette bordeaux aux étages. Tracé sinueux, virages à angle droit : soigner ses trajectoires et regarder ses pieds, pour ne pas engorger un peu plus les urgences. 35 minutes le matin : travail foncier, mode diesel. Rentrer dans sa bulle, se vider encore plus la tête. À mi-parcours, légère sudation.

Après 25 minutes : lassitude morale, surtout ne pas regarder sa montre. 20 minutes l’après-midi : étape nerveuse, rythme soutenu, presque sautillant – en descente. Accélération finale sur le plat : boucles de 20 mètres dans la cour d’entrée ; frôler les haies, bien négocier les courbes. Les jours fastes – et ils le sont presque tous –, cerise sur le gâteau : randonnée pédestre au supermarché. 850 mètres aller, 850 retour. Trajet en bord de mer, terrain bosselé, fort facteur éolien.

Au retour, par vent debout, dans le raidillon, les bras lourds de produits essentiels (gin, Ribera del Duero rouge, Rueda blanc, olives, amandes, papier hygiénique), quasi-sur-place. Surtout ne pas sortir sans papiers : contrôles de police : « D’où venez-vous ? Où allez-vous ? » « De chez moi, j’y retourne, comme avant-hier, hier, demain, sauf si c’est dimanche. » Demain est parfois encore un autre jour.

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