Représentant 43 % des conseils d’administration et 15 % des comités exécutifs (Comex) du SBF 120, les femmes investissent progressivement les instances dirigeantes. Leur accession aux postes clés des grandes entreprises françaises, conjuguée aux nouvelles attentes sociétales, modifie-t-elle l’exercice du pouvoir ?

Les clubs HEC au Féminin et HEC Gouvernance accueillaient, le 28 mars dernier, Valérie Boussard (H.93), sociologue et directrice de laboratoire au CNRS, et Maria del Peso (H.93), directrice de communication & executive coach. Les deux expertes ont présenté les premiers résultats d’un programme de recherche, mené par des sociologues du CNRS et des experts du monde de l’entreprise, sur l’exercice du pouvoir, à travers le rôle et la perception des femmes.

Se basant sur les témoignages de vingt dirigeantes françaises, Maria del Peso et Valérie Boussard ont souligné la « rupture » que représente le passage aux instances dirigeantes pour ces femmes, et le regard critique qu’elles portent sur l’exercice du pouvoir. La recherche d’alliances et de soutiens, inhérente à ces fonctions, nécessite une action tactique, « politique » qui peut générer difficultés et conflits.

La majorité des femmes interviewées associent cette action politique à un comportement masculin et se disent contraintes de devoir adopter d’autres attitudes pour y parvenir. Elles se heurtent à des multiples obstacles pour asseoir leur légitimité : interlocuteurs ouvertement machistes ; disqualification de la parole des femmes en réunion, voire de leur présence corporelle ou de leurs émotions ; séduction d’alliés (un levier de l’action politique, très vite interprété comme une séduction sexuelle dès lors qu’elle est pratiquée par une femme).

Au final, les coûts de cette « action politique » se révèlent bien plus élevés pour les femmes que pour les hommes. Initiée en 2018, l’étude sera élargie en 2019 avec le recueil de points de vue masculins. L’équipe de recherche souhaite développer des partenariats entre le CNRS et des entreprises et associations engagées dans la diversité des instances de gouvernance.

Informations et contact :
etude.femmes.dirigeantes@gmail.com

Intervention d’Isabelle Herbreteau

La présentation des premiers résultats de cette étude sur la relation des femmes au pouvoir a été suivie de l’intervention d’Isabelle Herbrerteau, dirigeante d’Adhelor Consulting après avoir fait carrière dans le groupe Clarins. « Plus on avance en hiérarchie, plus on est seule », a-t-elle déclaré, avant d’établir une nette différence entre une conception féminine du pouvoir, davantage basée sur l’inclusion, la bienveillance et la méritocratie, et une conception masculine, plus axée sur la compétition, la domination et l’agressivité. Cependant, elle s’est montrée optimiste en soulignant que les jeunes femmes d’aujourd’hui assument plus volontiers leur ambition professionnelle, signe que les temps changent. Un optimisme qui s’est retrouvé lors du débat avec les 70 participants, qui ont estimé que les hommes de moins de 45 ans, plus habitués à partager les responsabilités familiales, étaient sans doute plus disposés à partager le pouvoir en entreprise. Retrouvez le compte-rendu intégral de la conférence sur le site hecalumni.fr

Rencontres Trajectoires du 16 avril

Une rencontre avec les six candidates du Prix Trajectoires, qui sera décerné le 19 novembre prochain, était organisée, en présence de Céline Van Steenbrugghe (H.97), d’Oddo BHF Ladies Bank (partenaire de l’événement), et d’Évelyne Kuoh (H.84), présidente d’HEC au Féminin. À cette occasion, les candidates ont partagé leur vision du pouvoir. Une présentation de leurs parcours est disponible en ligne sur le lien de l’événement. Les 3es Rencontres Trajectoires se dérouleront le 26 septembre 2019.

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