En moins de trente ans, Culturespaces s’est imposé comme le premier opérateur culturel privé français. Les 14 sites, musées et centres d’art qu’il gère sont tous bénéficiaires. Et son récent tournant numérique lui donne des ailes.

L’aventure Culturespaces débute à la fin des années 1980. Bruno Monnier (MBA.78), chargé de mission au ministère de la Culture, cogite sur la modernisation de la gestion des monuments et musées français à l’horizon 2000. Il constate l’avance des fondations anglo-saxonnes privées dans ce domaine. Sa mission achevée, il fonde Culturespaces en 1990. Son objectif : proposer aux collectivités et institutions publiques d’assurer la gestion et la mise en valeur de leurs sites et établissements culturels, en y introduisant des méthodes de gestion dynamiques, innovantes… sans recours aux subventions ! « Dès 1990, au Palais des Papes, notre premier contrat, nous avons décidé d’ouvrir 7 jours sur 7, de proposer des audioguides gratuits et de mettre à disposition des livrets de jeux pour les enfants, explique Bruno Monnier. C’est devenu notre marque de fabrique : le visiteur d’abord ! »

Une révolution dans un univers traditionnellement plus axé sur la collecte des subventions que sur l’accueil du public, et dont la gestion est parfois approximative. « Dans certains sites, la mise en place d’un nouveau service de billetterie a permis aux recettes en caisse de faire un bond de 20 % ! » Culturespaces se développe vite : de la gestion de sites prestigieux il passe rapidement à celle de musées, puis à la production de contenus avec l’organisation de reconstitutions historiques

Zéro subvention, priorité au visiteur… Une petite révolution dans le secteur

La Business Story de Culturespaces en images

Une gestion sur mesure

Le tout, en ne cédant rien sur la qualité culturelle. Et en respectant la spécificité de chaque lieu, comme en témoigne Foulques d’Aboville (E.17), administrateur des musées Jaquemart-André et Maillol .  » L’identité de Jacquemart-André, que nous exploitons depuis vingt-cinq ans, est forte. C’est une demeure de collectionneurs, qui regorge d’oeuvres de la Renaissance italienne; françaises du XVIIIe et de peintures flamandes du XVIIe. Ses expositions s’inscrivent dans ces thématiques. Le musée Maillol, que nous gérons depuis fin 2016, a des collections plus restreintes et un positionnement plus moderne. Nous travaillons à le mettre en valeur à travers une programmation cohérente : Giacometti, Foujita…  »

Le choix de ces expositions revient à un comité dans lequel sont représentés tous les pôles d’activité associés au service Expositions de Culturespaces et aux conservateurs.  » Chaque site doit assurer son équilibre économique. Nous recrutons, formons et animons nos propres équipes de restauration,accueil, sécurité et boutique. La carte du restaurant, comme les produits en boutiques, est adaptée et renouvelée à chaque exposition; afin de prolonger l’expérience du visiteur.  »

L’avenir à l’oeuvre

L’entreprise aussi sait se réinventer. En investissant dans l’Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence), elle montre sa capacité à créer ex nihilo un centre d’art majeur. Surtout, elle négocie brillamment le tournant du digital. Dès 2012, elle développe aux Carrières de Lumières; aux Baux-de-Provence, des expositions numériques qui immergent les visiteurs dans les images des oeuvres des grands noms de l’art. Succès fulgurant, confirmé par celui de l’Atelier des Lumières, ouvert à Paris en avril 2018.  » Nous avons inventé un nouveau type d’expérience artistique et collective très forte, analyse Luc Archambeaud (MBA.13); directeur du développement de Culturespaces. Nous possédons une expertise unique et les technologies de traitement d’images les plus avancées au monde. »

Et les propositions affluent. « Notre stratégie est de privilégier un développement qualitatif sur des sites iconiques dans les grandes villes du monde ». Première réplique à l’international, le centre d’art numérique de Jeju (Corée du Sud), créé en décembre, affiche une affluence de 60 % supérieure aux estimations. Prochaine étape ? L’ouverture des Bassins de Lumières à Bordeaux, en 2020.  » Mais nous continuons aussi à répondre aux propriétaires de “belles endormies” qui souhaitent nous confier la gestion de leur site ! », rappelle Luc Archambeaud.

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